Critique de Camilia von Wyss à propos du film Republic, de Jin Jiang

Dans un minuscule appartement de 6m² au cœur de Pékin, un jeune musicien idéaliste nommé Li Eryang a créé sa propre « république ». C’est un refuge, ou comme l’appelle le personnage principal « un centre d’énergie », où se croisent artistes, rêveurs et esprits libres. Les couleurs vives, la consommation de drogues et la perte de la notion du temps sont les mots d’ordre.

Le documentaire de Jin Jiang nous plonge dans cet espace fascinant où musique rock, discussions politiques et quête de liberté se mêlent dans une atmosphère psychédélique des années septante mêlant des mélodies des Beatles, des Bee Gees, de Bob Dylan et John Lennon.

Le film traite plein de questions existentielles soulevées par les adolescents de la Gen Z: la recherche de la paix intérieure, la remise en question du système politique chinois, le consentement, l’espoir d’un avenir meilleur ou encore le désir d’évasion de la réalité sociale.

À travers sa caméra intimiste, le réalisateur capture la vie quotidienne de cette microsociété qui défie les conventions de la Chine contemporaine. Entre méditations philosophiques, jam sessions improvisées et débats enflammés sur Marx et Mao, Li Eryang et ses amis tentent d’échapper à la pression d’une société obsédée par l’argent et le travail. Nous pouvons voir ce film comme une critique de la culture 996 (ndlr : rythme de travail qui consiste à de 9 h du matin à 9 h du soir, 6 jours par semaine), comme une république pour résister à ce rythme de travail illégal dans laquelle les jeunes restent couchés et renoncent à toute forme de travail.

Ce film dénonce également une réalité que les jeunes ne peuvent pas ignorer : les dettes. Ceci les fera sortir de leur insouciance rebelle. Republic dresse ainsi le portrait poignant d’une génération qui cherche à créer son propre espace de liberté, même si celui-ci ne mesure que 6m².