24.01.2014
Late at night – Voices of ordinary madness
XIAOLU GUO
Ce
documentaire sur le capitalisme est très bien construit. J’ai apprécié la
musique inhabituellement stylée du début et de la fin. Entre les différentes
interviews, les flash-infos dérisoires sont très drôles. Les phrases d’auteurs
sont par contre difficilement compréhensibles, lorsque l’on doit en même temps
lire les sous-titres, écrits en anglais par-dessus le marché !
Les
interviews sont diversifiées et bien choisies. J’ai trouvé un témoignage
particulièrement déstabilisant : une dame qui avoue ne voir aucun intérêt
en son métier à part le gain d’argent pour vivre. Elle ajoute même que c’est
une perte de temps. On sent un certain désespoir dans ses paroles ; c’est
un bon exemple du monde de l’argent qui dégénère. Personne ne sait vraiment où
il va.
S’il
fallait trouver une point faible à ce film, voilà ce que je dirais : la
critique du capitalisme se base principalement sur les plaintes des certaines
personnes. Effectivement, le traditionnel « c’était mieux avant » est
facile à dire, mais n’explique pas vraiment les fondements du problème. Malgré
cela, j’ai trouvé la majeure partie du documentaire plutôt convaincante.
Lorette Sauvet, Collège Madame de
Staël
God loves Uganda
ROGER ROSS WILLIAMS
« God
loves Uganda », un film à voir absolument ! Très prenant du début à
la fin, on en sort complètement chamboulé, plein d’émotions et de questions sur
le fonctionnement de notre monde.
L’église
évangéliste américaine fait de la propagande en Ouganda, notamment pour une loi
permettant de mettre à mort les homosexuels.
Un
documentaire pertinent et révoltant, qui m’a amené à remettre en question mes
propres convictions : comment ces religieux, pleins de bonnes intentions,
peuvent-ils commettre des actes si atroces et injustes ? Serais-je, moi
aussi, capable d’accomplir de telles choses, en ayant été éduquée dans le
milieu ? Et finalement… qui est capable de juger avec certitude de ce qui
est mauvais, ce qui est immoral ? Ou est la limite ?
Lorette Sauvet, Collège Madame de
Staël
24.01.2014
Late at night – Voices of ordinary madness
XIAOLU GUO
Un film qui dénonce le capitalisme, évidemment ça attire, ça nous plait, ça nous montre à quel point le monde est et rend les gens fous… En plus « l’ancien temps c’était mieux ». Le propos du film est soutenu par de grandes phrases qui se veulent éloquentes et ironiques pêchées chez Shakespeare, Marx, Kant, Joyce, Nietzsche, Blake etc… Grands penseurs d’accord, mais pour certains il me semble qu’il y a anachronisme. Les bons, intelligents, sensibles Intéressant ?
Les mécontentements des hommes seraient-ils atemporels ? Peut-être, mais la légèreté de citations prises hors-contexte rendent la piste pauvre, infondée et donc si facile à contredire. Le regard de Xiaolu Guo sur la matière qu’il a entre les mains est inconsistant. « Maintenant ce n’est plus comme ça, les gens ne communiquent plus…ça a changé. », d’où viennent ces voix, quelles sont les spécificités du mécanisme capitaliste ? Trop d’aspects ne sont pas pris en compte et finissent par ne pas me laisser mal à l’aise, peu convaincue de la force de Late at Night.
Taïna Griscom, Collège Claparède
God Loves Uganda
ROGER ROSS WILLIAMS
Un film dont le sujet est nécessaire c’est-à-dire le phénomène religieux qui connait la plus forte croissance au
niveau mondial : l’évangélisme. Ce mouvement qui s’oppose à une lecture rationaliste de la bible, prêche le salut des pêcheurs, la conversion individuelle et un fort activisme. Roger Ross Williams nous documente iconographiquement parlant sur l’ampleur du phénomène en Ouganda et des différentes techniques de pression et de propagande pour convertir la population (ahurissantes). Le choix de prendre la voix d’un pasteur et non d’un athée pour proposer une critique est judicieux, ses propos convaincants. J’ai un petit point noir (tout petit) à placer, il me semble que les personnages tels que Lu Engle, David Bahati ou David Kato apparaissent un peu trop sommairement pour les spectateurs qui ne connaissent pas le contexte et leur
rôle dans ce dernier. J’ai eu l’opportunité d’assister à la conférence de Philipe Gonzalez, proposée par le festival pour accompagner God Loves Uganda. Si vous voulez approfondir le sujet je vous conseille donc son livre Que ton règne vienne.
Taïna Griscom, Collège Claparède
24.01.2014
Late at Night – Voices of ordinary madness
XIAOLU GUO
Ce documentaire inhabituel dresse le portrait d’individus provenant de différentes couches de la société, donnant la parole aussi bien à des SDF considérés comme « malade mental » qu’à des banquiers bien proprets.
Il y a un vrai souci d’originalité. La forme finale donne un film unique. Les protagonistes sont tous sympathiques, offrant des anecdotes personnelles, leur sensibilité, leurs critiques face à cette société qui ne leur convient plus. Sur le ton de la mélancolie des « good old days », on évolue dans les différentes strates sociales, assistant à la décadence du monde capitaliste. J’ai adoré l’insertion d’images d’archives, poignantes, pour illustrer les propos contemporains, ainsi que le creshendo d’images se multipliant à chaque nouveau « journal du soir ». Une citation m’a semblé très bien choisie: » You’re on earth. There’s no cure for that » – Beckett.
Anne Hoareau, Collège Emilie Gourd
God loves Uganda
ROGER ROSS WILLIAMS
En sortant de la salle, on ne peut qu’être envahi par la colère. Ce documentaire alarmant montre la manipulation du peuple ougandais par les évangélistes américains d’extrême droite.
Au début, c’est encore gentil. D’accord, l’impressionnante House of Prayers m’a semblé absurde. Mais s’ils veulent adorer Jésus et les Ecrits de la bible, c’est leur droit. ça devient dérangeant quand on réalise la manipulation perverse qu’ils agencent. Les évangélistes injectent de l’argent dans un pays dans le besoin, construisent des écoles, des hôpitaux, des Eglises (pour répandre « La bonne parole » ben voyons), passent pour des sauveurs, et en profitent donc pour véhiculer leurs messages de haine, sous un prétexte biblique.
« C’est écrit dans la bible, Dieu n’a pas voulu ça. Comment pourrions nous l’accepter ? ». Et c’est comme ça qu’on crée un mouvement de violence, absurde et obsolète.
L’équilibre entre les différents point de vue n’est pas tout à fait respecté, mais ça ne me semble pas un point négatif: les protagonistes allant dans le sens de l’homophobie sont tellement extrémistes qu’ils en perdent tout simplement toute crédibilité. Ils se détruisent eux même par le ridicule de leur propos, basés sur l’ignorance des Textes Sacrés de leur auditoire.
God loves Uganda m’a profondément interpellée sur ce sujet dont j’ignorais tout, et je recommande vivement de le voir.Anne Hoareau, Collège Emilie Gourd
24.01.2014
Late at night – Voices of ordinary madness
XIAOLU GUO
Des londoniens sont filmés par la caméra de Xiaolu Guo. Au fur et à mesure, les dialogues qui paraissent dénués de sens, entrecoupés d’annonces d’un faux téléjournal, forment une critique de la société capitaliste, telle qu’elle est conçue tout autour du monde.
J’ai apprécié ce documentaire qui démontre que nous ne sommes pas obligés de partir loin pour constater nombre de problèmes. C’est intéressant d’observer le point de vue d’une réalisatrice Chinoise à ce sujet, la Chine étant leader du capitalisme économique. Les témoignages sont nostalgiques, « c’était mieux avant », formule si générale. J’ai trouvé ces personnes touchantes, dans leurs incohérences ou tout simplement dans leur légère pointe de désespoir qui transparait à l’écran. L’utilisation de séquences alternées insiste sur l’absurdité de notre mode de vie et la bande son, qui donne l’impression d’être dans une usine directement sortie des « Temps modernes », remplit pleinement sa fonction. Tout laisse présager ici que l’âge d’or du capitalisme est révolu.
Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël
God Loves Uganda
ROGER ROSS WILLIAMS
Le titre annonce déjà la couleur : « Dieu aime l’Ouganda ». Certes, ce monsieur barbu tout-puissant est si empli d’amour qu’en son nom on reproduit sans cesse des aberrations. L’Uganda fait face depuis plusieurs années à un tsunami (et je pèse mes mots) d’évangélisateurs nord-américains. Sous des apparences altruistes empreintes de la sainte parole, ce sont tout un éventail de valeurs conservatrices qui se sont implantées dans les moeurs. Après le taux de personnes infectées par le VIH qui a soudain repris son augmentation (l’abstinence ou le sexe exclusivement entre époux n’étant évidement pas aussi efficaces qu’un préservatif), la sottise humaine a atteint son paroxysme lorsque le Parlement ougandais, avec force de cris triomphants, a interdit l’homosexualité il y a quelques années. Il était grand temps que Roger Ross Williams tire la sonnette d’alarme.
C’est très choquée et extrêmement émue que j’ai découvert ce problème. J’avais toujours imaginé le mouvement évangéliste et ses prédicateurs tels une minorité de marginaux, sortes d’amishs à la sauce moderne. Quelle fut ma surprise en découvrant non seulement qu’ils étaient nombreux mais également qu’ils s’étaient lancés dans une « croisade » moderne via notamment les médias ! Roger Ross Williams filme très bien ce côté empreint de voyeurisme qu’ont ces « appels » évangélistes, où la caméra s’approche à quelques centimètres du visage en pleurs d’une femme, qui me semble très bonne comédienne. Comment un groupe religieux, qui a pour fondements la Bible, un livre qui prêche amour et tolérance, peut à ce point-là encourager la haine et la stigmatisation d’une partie entière de la population ? J’ai eu la nette impression d’assister à un remake de la colonisation au XVIIIe, au combien condamnée internationalement. L’unique différence est que les armes sont cette fois-ci bien plus sournoises. Le réalisateur cerne parfaitement le problème. Certaines images restent gravées dans ma mémoire : ces jeunes américains qui vivent l’expérience en Ouganda tel un voyage scolaire ayant pour destination la plage, cette prédicatrice qui donne la nette impression d’être une lesbienne refoulée puis la plus forte de toutes, celle d’un homosexuel pleurant sur la tombe de son amant assassiné : « Ils vont tous nous exterminer !». Documentaire « coup de poing » à voir absolument. Les évangélisateurs prévoient d’avoir touché toutes les populations d’ici 2020. Cultivons la tolérance afin qu’ils aient tort.
Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël
23.01.2014
Nobody’s Daughter Haewan
HONG SANGSOO
Ce film coréen m’est complètement passé à côté.
Une jeune et belle fille prend congé de sa mère pour étudier et devenir une actrice. Elle rencontre des hommes, avec qui elle entreprend parfois une relation. Je suis bien en peine de résumer l’histoire, n’ayant moi-même pas vraiment saisi son intérêt.
Ce que j’ai pu remarquer, ce sont les dialogues. Très particuliers par rapport à d’autres films, j’avais l’impression qu’ils n’avaient pas été écrits auparavant. Ils donnent la sensation de se trouver en compagnie de gens qui n’ont pas forcément de but dans leur conversation, ce qui montre une certaine qualité et peut-être l’originalité de ce film. La gêne des personnages se ressent aussi très bien.
Certains passages sont drôles, notamment cette jeune fille aimant l’alcool au point d’en demander aux inconnus dans la rue. Mon rire s’est malheureusement plus souvent déclenché nerveusement, ne comprenant pas ce que le film avait à nous faire parvenir.
L’histoire m’a laissée dans un sentiment très spécial : un mélange de déception et d’étonnement. Je serais intéressée d’entendre les critiques positives ainsi que le but du réalisateur, afin de faire un avis plus complet sur la question.
Lorette Sauvet, Collège Madame de Staël
Por las plumas
NETO VILLALOBOS
Un film simple, qui ne prend pas la tête. Il nous plonge dans une belle ambiance, très différente de la plupart des films de ce festival. Cela m’a fait beaucoup de bien !
Le personnage principal parvient, non sans difficultés, à acheter un coq de combat au commerçant du coin. Il se prend d’une forte amitié pour l’animal, qui le rend heureux et l’entraîne dans des situations plutôt insolites. Grâce à lui, il rencontre des gens avec qui il sympathise petit à petit.
Qui penserait que cette histoire puisse avoir un intérêt ? Résumée de cette façon, je comprendrais que l’on soit sceptique. Pourtant, lorsque l’on se trouve devant l’écran, tout devient vraisemblable. On ne cherche pas à donner un sens précis
aux événements.
Cet homme est très attachant. J’ai également été conquise par les autres personnages, de caractères complètement opposés, qui se réunissent autour de la star : le coq !
L’histoire n’est pas toujours très captivante, mais j’ai beaucoup aimé le côté modeste du film, qui ne prétend pas être un chef d’œuvre. Il est pourtant original, drôle et émouvant. Je le conseille à tous ceux qui ont simplement envie de passer un bon moment.
Lorette Sauvet, Collège Madame de Staël
23.01.2014
Por la Plumas
NETO VILLALOBOS
Après m’être endormie accompagnée par les images percutantes de White Shadow, je me réveille avec la
fraîcheur de Por la Plumas. D’un réalisme à l’humour léger et bien placé, on découvre les inconvénients et les
avantages de la vie d’un homme…avec un coq ! Expulsé de son logement, refusé dans le bus et presque mis à la porte de son travail, ce gardien s’entoure bientôt d’amis qui le soutiendront. Je me suis surprise, grâce à l’équilibre de la narration, à accepter ce personnage et ses drôles de travers. « C’est ridicule, c’est un beau coq !…Et il vaut plus que vous. »
La composition attentive de l’image, certains plans particulièrement intéressants (lignes électriques) et les couleurs bien posées accentuent le travail sensible de Neto Villalobos, toujours dans un humour calme et délicieux. L’histoire s’insère dans un paysage et un quotidien du Costa Rica, qui aurait aussi bien pu être celui du Brésil. Je ressors pour une fois non pensive, mais avec un sourire aux lèvres.
Taïna Griscom, Collège Claparède
Nobody’s daughter Haewon
HONG SANGSOO
Après quelques minutes, quelques zooms, quelques bouteilles d’alcool de riz et une jeune étudiante en cinéma portant manteau, sac à dos et une relation secrète avec un professeur, je me rappelle férocement d’un film rencontré lors du festival de Locarno cet été, U ri Sunhi de Hong Sangsoo. Je pioche dans mon sac pour vérifier, bingo ! Même réalisateur. Il cachait bien son jeu ce film, avec sa lenteur de démarrage, des dialogues banals et un jeu d’acteur médiocre. Cela en vaut la peine. Sangsoo dénonce avec brio les fabulations (car il s’agit bien d’histoires d’amours exagérées, construites, parfois incohérentes et sourdes) des protagonistes. La jeune fille de Nobody’s daughter Haewon, Haewon est en quête d’identité, elle écoute, ravie, les douces paroles d’un homme. De fait chacun semble prêt à croire ce qu’on veut bien dire de lui, à condition que cela renforce l’espoir et la conviction d’être quelqu’un d’exceptionnel. Que cela soit dit par gentillesse, convoitise sexuelle ou affective, égocentrisme ou fierté plutôt que par générosité importe peu. On veut y croire. Critique acide du romantisme blafard et de la foi vaniteuse en l’individualisme. À ceux qui connaissent le maître un autre de ses films est à l’affiche du festival : La vierge mis à nu par ses prétendants.
Taïna Griscom, Collège Claparède