21/01 CRITIQUES DE LORETTE SAUVET

21/01 CRITIQUES DE LORETTE SAUVET

Funeral at Noon

 
ADAM SANDERSON
 
En tant que collégienne de 4e année non-connaisseuse, j’essaie modestement d’expliquer mon ressenti par rapport au
premier film visionné pour le festival Blackmovie.
« Funeral at Noon » est un film israélien tourné dans un petit village à la
campagne. Une jeune femme mariée garde son petit voisin. Le garçon, pour qui leur relation n’est pas limitée à cela, ne supporte pas de la voir aux bras d’un charmant soldat.
L’artistique du film m’a semblé, du début à la fin, très étudiée. Les images sont vraiment belles, d’autant par les couleurs, la lumière, que par leur composition. J’ai particulièrement aimé les portraits des différents personnages, qui sont chacun intéressants. La jeune femme, qui n’a pas l’air très épanouie dans la vie
qu’elle mène, montre tout de même une certaine volonté, ne se laisse pas aller. Elle part à l’aventure, rencontre des gens. On pourrait s’attendre, en voyant son mari, à voir une certaine violence, ce qui ne se révèle pas être le cas.
Il est vrai que l’histoire en elle-même m’a moins marquée. J’ai interprété la mort de l’enfant comme un hasard de la vie,  malheureux, bien sûr, mais qui pourrait arriver à n’importe qui. On voit par-là la faiblesse humaine. On voit à quel point, sans s’en rendre compte, on peut causer des dégats, faire du mal aux autres. Cette faiblesse se manifeste aussi chez la mère du garçon, qui ne peut s’empêcher d’accuser cette femme d’une certaine responsablilité, sans chercher la vérité. Je n’ai pas cherché de sens précis à cette histoire. La fin m’a semblée interprétable de différentes manières. La jeune femme a-t-elle avoué son adultère et part parce qu’elle est bannie ? Je n’aime pas beaucoup cette possibilité. Est-ce plutôt, pour elle, l’occasion de recommencer une vie nouvelle, ailleurs ? Ou va-t-elle simplement réfléchir à la situation pour mieux revenir et aider la mère de l’enfant ? Ou alors, hypothèse plus tragique, se sent-elle coupable d’avoir tué cet enfant ?
 
Lorette Sauvet, Collège Madame de Staël

Deported

 
RACHELE MAGLOIRE et CHANTAL REGNAULT 
Ce documentaire montre les conséquences d’une loi américaine adoptée en 1996 visant à réduire la criminalité. Le réalisateur a interviewé des victimes de cette loi.  Des témoignages très prenants d’anciens habitants des USA, « déportés » dans leur pays d’origine, dans lequel ils n’avaient encore jamais mis les pieds. Les raisons sont très différentes : petite bagarre dans la rue, trafiques de drogue, violence avec les enfants,…
Est-ce vraiment une solution d’envoyer ces gens à Haïti, où ils n’ont aucune famille, où ils vivent dans la misère et la maltraitance des habitants du pays ? Le documentaire accuse clairement cette pratique des Etats-Unis, qui n’est, à mon
avis aussi, pas la bonne manière de réagir.
Il est pourtant très difficile de se faire une idée précise du problème en entendant uniquement les témoignages des déportés, qui sont forcément montrés comme les pauvres victimes. J’aurais trouvé intéressant d’entendre le point de vue américain sur le sujet. Je me demande aussi à quel point ces hommes auraient eu une meilleure vie en étant resté aux USA… parce les délinquants n’ont, à mon avis, de toute manière pas une très belle vie.  Ce qui est sûr, c’est qu’il faut faire quelque chose contre ce grand problème de société. La punition infligée à ces personnes est effectivement énorme comparée à leur faute. Je pourrais reprocher à ce documentaire de ne pas proposer de meilleure solution. Cependant, le but était peut-être simplement de faire connaître cette pratique au monde, afin qu’il trouve lui-même une manière de réagir. En tout cas, le film fait réfléchir le public, ce qui est, finalement, le plus important.
 
Lorette Sauvet, Collège Madame de Staël

21/01 CRITIQUES DE CLARA MUGA EZQUERRA

21/01 CRITIQUES DE CLARA MUGA EZQUERRA

Deported
RACHELE MAGLOIRE et CHANTAL REGNAULT
Deported est un documentaire qui met en lumière le problème de la double peine subie par les criminels haïtiens expatriés aux Etats-Unis. Non seulement ils purgent une peine aux USA, mais ils sont également ramenés en Haïti dès leur sortie de prison.
J’ai trouvé ce film intéressant car il évoque les sujets tout à fait actuels que sont la gérance de la criminalité lorsqu’elle est perpétrée par des étrangers et le conflit identitaire que peut ressentir un expatrié qui a peu connu son pays d’origine. Les portraits de déportés sont divers et variés, exception faite des femmes. N’y a-t-il donc aucune déportée ? C’est dommage. Selon moi cela aurait apporté un plus au documentaire. Néanmoins les réalisatrices ont eu la très bonne idée d’insérer des de parents de déportés, habitant toujours aux Etats-Unis, qui vivent la séparation tantôt comme un moyen de couper les ponts, tantôt comme un déchirement. Un des moments les plus émouvants du film est la première conversation téléphonique entre un homme déporté depuis peu et sa soeur restée aux USA. On ressent très bien l’émotion contenue dans leurs paroles.
Cependant j’ai été choquée de voir que peu des déportés interviewés semblaient se repentir de leurs crimes, même s’il s’agissait d’un « petit délit ». Je trouve cela un peu trop facile de simplement dire que la perverse société américaine est l’origine de tous les maux.
En tout cas, ce documentaire donne matière à réfléchir.
Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël
El Resquicio
ALFONSO ACOSTA
Tomás est un adolescent colombien. Sa soeur Marcela, avec qui il était très proche, meurt dans des conditions brumeuses lors d’une fête déguisée. Suite à cet événement, on retrouve Tomás un an plus tard, venu passer des vacances en famille dans une grande maison à l’orée d’une forêt. Ce qui devait être l’occasion de se reposer tourne vite au drame.
Difficile de classer cette fiction d’ Alfonso Acosta dans un genre en particulier. Le réalisateur nous livre un long-métrage où les personnages parlent beaucoup mais échangent peu. La mère, dans le déni, cache sa maladie. Les autres ne tardent pas à fuir ce huis clos destructeur, délaissant cette femme. Lors de la prise de parole du réalisateur après la séance, ce-dernier a expliqué que cette atmosphère peu communicative et selon lui nocive est propre à sa ville d’origine, Bogota.
Outre l’absence de communication, on retrouve la figure de la maison et celle de la forêt, avec toutes les fantaisies qui les accompagnent tels que les sorcières et autres gnomes.
Je n’ai pas spécialement apprécié cette fiction, dont le récit, fort en relations incestueuses et mal-être des personnages m’a laissé un goût amer. Le rôle du jeune garçon roux reste encore pour moi un mystère, là où les membres de cette famille se suffisent à eux-mêmes en matière d’avancement du récit. La bande son est également un peu décevante. La musique annonçait bien à l’avance la détérioration de la situation, qui devenait par conséquent un peu prévisible.
Cependant la qualité visuelle des plans est bonne et cela met en valeur autant les visages tourmentés des personnages que la nature environnante.
Amateurs d’histoires rationnelles s’abstenir.
Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël
21/01 CRITIQUES DE TAINA GRISCOM

21/01 CRITIQUES DE TAINA GRISCOM

Deported
 
RACHELE MAGLOIRE et CHANTAL REGNAULT
 
J’ai eu la chance de rencontrer Chantal Regnault dans les couloirs du festival juste avant qu’elle ne parte prendre l’avion pour retourner à New York, là où elle vit actuellement. Deported est son premier film, réalisé en collaboration avec Rachele  Magloire. Le documentaire retrace le parcours et donne voix aux Haïtiens expulsés par le gouvernement américain. Depuis 1996, la moindre infraction entachant un casier judiciaire rend un Haïtien « déportable », renvoyés, ils arrivent dans la plupart des cas dans un pays inconnu et hostile. « Je suis détenu par le gouvernement haïtien illégalement » Voici les mots que Rachel entendra dans un anglais brooklynien, lui faisant découvrir les conditions de non plus double, mais triple sentence des déportés. Caméra au poing, les deux femmes (Rachel et Chatal) nous révèlent des existences d’exil, de tumulte et d’errance. Certains semblent être devenus fous, la plupart sont passés passé par l’univers carcéral. L’un d’eux semble avoir retransformé sa chambre en cellule. Les moyens sont simples, l’image se cherche à certains moments, la netteté et les couleurs douteuses. L’important n’est pas là. Les déportés ont besoin de s’exprimer et la caméra est prise à témoin. Un rap de contestation au début et à la fin du film  m’est resté dans la tête longtemps après avoir quitté mon siège rouge bien confortable.
Taïna Griscom, Collège Claparède

El resquicio
ALFONSO ACOSTA
Ce film raconte un drame infiltré dans une
famille de Bogotá. Comment le gérer ? Tout le monde part pour un séjour en forêt dont ils ne reviendront pas indemnes. Le lieu mystérieux et sauvage offre à chaque personnage l’occasion de faire sortir ce qu’il a en lui. Et on découvre plus ou moins subtilement que les gens semblent être ce qu’ils ne sont pas. La critique du refoulement est évidente, tombe peut-être dans
l’exagération. Cependant une grande place est laissée à l’imaginaire du spectateur, la vraisemblance n’est visiblement pas de mise. Lors de la présentation, le réalisateur nous a révélé sa fascination pour le porc. Il y aurait un plat typiquement colombien, fait d’un cochon entier à la farce de porc et de riz. Macabre ? trouve-il. Le conte D’Alfonso Acosta tente de
nous porter, l’ambiance de mystère est réussie, mais se perd finalement un peu dans une horreur de clôture et ses nombreux retournements. Une des réussites est le travail d’ambigüité et le mélange des genres plutôt audacieux. On est surpris, mais inégalement. Il me semble que certaines pistes auraient mérité d’être approfondies, au détriment de certaines autres qui dans El resquicio, ne sont au fond qu’effleurées et assez prévisibles.
Taïna Griscom, Collège Claparède

Alfonso Acosta, photo de TAINA GRISCOM

21/01 CRITIQUES DE ANNE HOAREAU

21/01 CRITIQUES DE ANNE HOAREAU

Funeral at Noon
ADAM SANDERSON
Le soleil tape sur l’enterrement d’une institutrice du village. Hagar Erlich y assiste au côté de son mari, cet homme pour qui elle semble avoir la plus grande indifférence. Bientôt naît une amitié entre la jeune épouse et son petit voisin, partageant ensemble une fascination pour un mystérieux soldat.
Dès les premières minutes du film, une insoutenable langueur transparaît dans la démarche raide, un peu gauche, de la jeune femme. Qui est-elle ? Que se passe-t-il derrière ce visage impénétrable ? Une seule certitude, tout au long du film, on a envie de la secouer pour lui arracher une réaction. Il faut saluer l’interprétation : on devine, sous une façade impassible, une tempête intérieure, une retenue frustrante. On vacille entre compassion et envie de lui mettre une bonne claque pour la réveiller. Un film fluide et communicatif, où les visages parlent plus que les mots. On vibre au fil des émotions, entre attentes frustrées et tensions sexuelles. Je ne sais pas si c’est un film que je reverrai volontiers, mais en tous cas une chose est sûre : il ne laisse pas indifférent. Chapeau l’artiste.

Anne Hoareau, Collège Emilie Gourd.

Deported
RACHELE MAGLOIRE et CHANTAL REGNAULT
Un documentaire sur le cauchemar vécus par les expulsés Haïtiens, les Déportés,  renvoyés dans « leur pays » après avoir commis crimes ou délits, livrés à eux-même dans ce monde qui n’est pas tout à fait le leur, ni tout à fait étranger.
L’esthétique de l’image n’est pas la priorité de ce documentaire. Hormis quelques séquences très poignantes et émouvantes,  les prises de vue sont cash, sans fioriture, on s’attend à un reportage et c’est bien un reportage qui se déroule sous nos yeux. Mais dans ce cas précis, je pense que l’austérité sert le documentaire. C’est un choix judicieux, qui focalise l’intérêt sur le sujet. Et quel sujet ! En sortant de la salle, je ne peux pas dire que j’ai été convaincu par la position du réalisateur/de la réalisatrice, ou au contraire révolté. On reste sans voix, et c’est astucieusement manoeuvré, car en effet, ce sujet brûlant ne permet pas de nommer « un méchant et un gentil ». Qui est coupable, qui est victime, on ne peut se positionner. L’un des protagonistes est tout particulièrement percutant, et rien que pour ses interventions, je trouve le documentaire génial. Il dérange, car on ne peut s’asseoir dans la position confortable de celui qui a tranché son avis. Un vrai coup de poing. J’ai eu du mal à identifier un début, un milieu et une fin, mais à y réfléchir à deux fois, c’est normal : ces déportés n’auront vraisemblablement pas de fin heureuse, comment pourrait-on en fixer une à ce documentaire ?
Anne Hoareau, Collège Emilie Gourd.