29 janvier 2015 | Critiques de Sarah Vorms

29 janvier 2015 | Critiques de Sarah Vorms

Clever | Federico Borgia & Guillermo Madeiro
Uruguay | 2015 | 83′
Un looser nomé Clever, qui n’a pas réussi à garder sa femme, a 3 « passions » dans la vie : les arts martiaux, les voitures et la coke. Un beau jour, alors qu’il est en voiture avec son fils dont il a la garde alternée, il découvre une superbe voiture avec des flammes peintes dessus. Clever se décide enfin à entreprendre quelque chose de « productif » dans sa vie, en allant à la recherche de l’artiste qui peint ces flammes pour décorer son propre véhicule.
Les cinéastes Federico Borgia et Guillermo Madeiro nous emmènent dans un univers drôle et agréable grâce à leur scénario assez simple mais très séduisant grâce à la diversité des personnages qui sont assez loufoques. La caméra filme en gros plans le crâne chauve du protagoniste principal, le montage propose de magnifiques champs contre-champs: le spectateur ne peut que se laisser emporter par l’histoire.
Les situations que vit Clever sont parfois tellement gênantes et absurdes qu’elles en deviennent drôles. Cet humour rappelle le comique de situation utilisé dans La panthère rose de Blake Edwards qui fonctionne à merveille. C’est un film très plaisant qui nous fait découvrir également de jolis endroits en Amérique du Sud, avec le petit village perdu de Las Palmas où Clever fera des rencontres toutes plus bizarres les unes que les autres ! Avec les couleurs plutôt chaudes, on s’imagine très bien en vacances en train de passer un bon moment. La séquence que j’ai préférée est celle où la caméra suit en contre-plongé Clever, deux policiers et leurs balancements pendant qu’ils marchent comme s’ils dansaient ensemble.
Nottons encore l’ironie du titre qui en anglais signifie « intelligent, malin » alors que le protagoniste semble plutôt ramolli. Nous avons eu la chance d’avoir pu voir un film de ce genre au Festival Black Movie car celui ci apporte vraiment un plus.
Mate-me por favor | Anita Rocha da Silveira
Brésil | 2015 | 101′
Bia, 15 ans, fait du « bocca bocca » sur les lèvres d’une jeune fille inanimée et ensanglantée au milieu d’un champ désert . Il fait jour et la journée semblait plutôt normale jusqu’à cette affreuse découverte. Avec ses amies, Bia passe son temps libre à faire des jeux inspirés du tueur en série qui sévit dans le quartier. La forte présence de sang fait référence au titre du film et on peut faire un parallèle avec les blessures que chacune d’entre elles a au visage. Les cheveux noirs et le teint plutôt clair de Bia peut faire penser à un vampire à cause de son étrange attraction envers la mort et le sang. Elle s’éveille à la sexualité mais reste cependant en lien avec l’église évangéliste en allant à la messe. Les scènes de messe paraissent ironiques tant le personnage de la pasteure semble ne pas coller avec l’image qu’on s’en fait. On remarque que la réalisatrice s’est inspirée d’un univers « d’jeuns » notamment dans la scène où un groupe de collégiens danse comme dans un clip vidéo d’aujourd’hui. Même si Bia est un personnage très difficile à comprendre, son frère est tout aussi particulier, à chercher la trace d’une ancienne copine qui semble avoir coupé tous les ponts. Bia et son frère Joao sont seuls, livrés à eux-mêmes et une seule règle compte, celle du chacun pour soi!
La manière dont le métrage est filmé enlève tout le côté dramatique et stressant qu’on retrouve habituellement dans les thrillers, pour laisser penser qu’on se trouve dans des situations tout à fait banales qui font partie du quotidien. C’est un bon film grâce à un rythme rapide qui ne laisse pas le temps de s’endormir… On est très vite entraîné dans l’histoire avec l’envie d’en savoir plus.
28 janvier 2016 | Critiques de Hervé Ossent

28 janvier 2016 | Critiques de Hervé Ossent

H. | Rania Attieh & Daniel Garcia
USA, Argentine | 2015 | 97′
Rania Attieh et Daniel Garcia, deux réalisateurs américains nous livrent un film catastrophe cauchemardesque, qui laisse une sensation d’avoir fait un mauvais songe. Une météorite rentre en collision avec la Terre provoquant une cascade d’évènements perturbants, qui n’ont, à première vue, aucun lien avec le genre catastrophe au cinéma. Le film est constitué de deux histoires qui se passent en parallèle, ayant comme lien une femme s’appelant Helen. La première que l’on voit à l’écran a l’âge de la retraite et passe son temps à s’occuper d’un faux bébé. Une scène du film montre cette Helen avec d’autres femmes de son âge ou plus jeunes qu’elle, réunies dans un salon, où chacune présente son nourrisson comme s’il était vivant.
Pendant cette scène absolument malsaine, je me suis demandé comment l’être humain pouvait-il être aussi dérangé pour en arriver là. La deuxième Helen a une trentaine d’année et est enceinte. Mais elle comprendra assez vite que quelque chose n’est pas normal dans sa grossesse. Petit à petit, des éléments perturbateurs vont s’incruster dans leur vie.
J’ai trouvé cette vision d’une catastrophe très intéressante et originale, qui n’a rien à voir avec celles d’Hollywood dont le scénario a été vu et revu et où les effets spéciaux sont le point décisif pour l’avis du spectateur sur le film. Ici, les éléments catastrophiques ne font pas partie du registre des tempêtes de glace ou des monstres gigantesques qui écrasent des villes mais tout simplement de notre quotidien, ce qui les rend bien plus troublants et inquiétants; un cheval noir seul dans la rue, un verre qui explose subitement ou encore une grossesse fantôme: tous ces faits baignent dans une atmosphère glauque et malsaine où l’incompréhensible est la seule explication. Nous sommes pris dans une sorte d’engrenage où les péripéties toutes plus extraordinaires les unes que les autres nous maintiennent sous tension jusqu’à la dernière minute.
J’ai beaucoup aimé cette folie qui règne dans ce métrage, cette atmosphère dérangeante ainsi que le jeu d’acteur. Mais j’ai trouvé que c’est un film (un peu trop) compliqué: tout semble n’avoir aucun sens et aucune signification, qui renforce le côté cauchemardesque du film, mais qui empêche une certaine compréhension du scénario, ce qui, par conséquent, m’a frustré. L’esthétisme du ce film m’a beaucoup fait penser au film « Réalité » de Quentin Dupieux, ainsi qu’à son histoire où l’on se demande si ce qui se passe a vraiment une signification. « H. » fait partie de ces films qui sont des expériences cinématographiques, qui se regardent pour le plaisir de l’image et de l’originalité. Je conseille vivement ce film pour tous les amateurs de ce genre, qui sont à la recherche d’un film qui ne laisse pas indifférent et qui promet quelques nuits de réflexion.
Coming of Age | Teboho Edkins
Afrique du Sud | 2015 | 63′
« Coming of Age », de Toboho Edkins, fait partie des films documentaires qui m’ont déplu. Le réalisateur sud africain nous montre quatre adolescents, deux garçons qui sont frères et deux filles qui sont meilleures amies, qu’il a suivi pendant un certain temps dans la montagne-royaume du Lesotho. Ce film documentaire nous offre certes de somptueux paysages de montagnes, mais j’ai trouvé qu’il manquait profondément d’un scénario. Selon moi, Toboho Edkins filme sans vraiment d’intérêt un garçon âgé d’une douzaine d’années, qui s’occupe de son troupeau de moutons. Il en est de même pour les deux amies, filmées en train de discuter ou de s’amuser. On apprend qu’une des deux fillettes a de plutôt bons résultats à l’école et fait partie du top dix des meilleurs élèves de son école, qui peuvent choisir d’aller dans un collège en plaine.
« Coming of age » est assez court (63min) et ne nous montre à aucun moment la suite du parcours scolaire de la petite fille, ainsi que l’histoire des autres personnes présentes dans le film. Il n’y a aucun entretien face caméra, si ce n’est deux plans (sauf erreur) où une veille dame (la cheffe du village) parle à la caméra sans la regarder. On s’imagine bien qu’elle répond à une question du réalisateur, mais on entend à aucun moment le réalisateur. Il y a quand même eu une scène que j’ai trouvé impressionnante et intéressante: le grand frère du petit berger passe une sorte de rite où vêtements extravagants et chants traditionnels se rencontrent. Un groupe d’hommes se mettent à chanter avec des voix extrêmement graves qui font penser aux chants des moines tibétains. J’ai déjà vu des films documentaires qui m’ont plu, car ils m’ont appris quelque chose. Dans « Coming of Age », on n’apprend rien sur les habitants du village, filmés durant leur routine. Le documentaire est mal construit; il devrait y avoir une interaction entre les protagonistes et le cinéaste et des commentaires du réalisateur en voix-off. Je me suis ennuyé durant la séance. C’est dommage car je suis persuadé que les habitants du Lesotho ont beaucoup de choses intéressantes à nous faire partager.
27 janvier 2016 | Critiques de Valérie Rossier

27 janvier 2016 | Critiques de Valérie Rossier

The Blue Hour | Anucha Boonyawatana
Thaïlande | 2015 | 96′
The Blue Hour est un crossover gay et fantastique. Un film assez lent dans lequel on apprécie de belles séquences aux couleurs pastels. Deux ados s’aiment, malgré les réticences de leurs parents. Tout est beau. Attention cependant aux apparences, dans un monde aux aspects banals se mêlent des petits éléments étranges qui cassent cette vie tranquille: une décharge abandonnée, une maison vide et à la réputation hantée, des coups de feux imprévus… J’ai surtout apprécié le son de la nature, le silence et les musiques planantes qui m’ont transporté dans cet univers hors du temps, comme dans des cartes postales parfois. On est concentré sur les protagonistes, qui nous touchent par leur sensibilité, sans savoir vraiment où ils sont, et à quelle époque. Avis aux amateurs de frissons et de surprises !
Necktie Youth | Sibs Shongwe-La Mer
Afrique du Sud | 2015 | 86′
Dès le début de ce film, nous sommes plongés dans cette jeunesse sud-africaine faussement dorée. Leur quotidien ? L’école, la famille, les fêtes et les potes. On pourrait penser que ce sont des personnes simplement superficielles, mais on remarque vite, après un événement dramatique, que toute cette bande commence à se remettre en question. Ils se demandent comment ça a pu arriver, quelles sont leurs véritables relations, la vie, la mort, l’amour… Leur petit monde qui semblait parfait se retrouve à devoir faire face à des moments très sombres et même violents. Je me suis parfois retrouvée dans ces réflexions que les acteurs du film, des amis dans la vraie vie se posent. Un film qu’on écoute facilement pour ces dialogues tous simples entre deux amis et qu’on regarde avec beaucoup de plaisir dans les moments où les gens s’amusent. Des plans en noir et blanc qui font penser à des photos dans les vieux albums, des interviews sérieuses, mais aussi des flashs back colorés sur une jeunesse post-apartheid heureuse font un joli mix. Ce film m’a touché et amusé, sans aucun doute à voir et à revoir.
Mediterranea | Jonas Carpignano
Italie | 2015 | 110′
L’immigration est sans aucun doute l’un des thèmes les plus vus de ces dernières années. Grâce à ce film on peut mettre une image sur tous ces mots. On est projetés dans une dure réalité et avec  la caméra portée on vit en sensation le voyages des protagonistes en quête d’une vie meilleur. Très touchant, très proche visuellement et émotionnellement. Leur vie nous est dévoilée avec le pire et le meilleur. Il y a des retrouvailles avec de vieux amis, la musique et les danses, mais aussi le racisme, les révoltes et la violence. Une fiction qui nous rapproche d’une réalité qu’on voit rarement dans notre monde privilégié.
H. | Rania Attieh & Daniel Garcia
USA, Argentine | 2015 | 97′
Sortir de ce film, c’est comme sortir d’un rêve dont ont a de la peine à se rappeler, à rattacher les bouts. Un rêve dans lequel des gens disparaissent, des éléments mythologiques apparaissent, des nuages bizarres sont omniprésents… D’ailleurs, c’est dans un nuage qu’on se plonge avec des sons étranges qui font siffler nos tympans et des images claires et cotonneuses qui se mettent même à crépiter. Les personnages aussi nous livrent un spectacle mystérieux dans leurs vies parallèles aux détails sombres. Si je devais mettre deux adjectifs ce serait beau et étrange. Plongés dans un monde apocalyptique toute la normalité de notre quotidien est transformée. C’est sans doute un film à voir au moins une fois.
  The Lobster | Yorgos Lanthimos
Grèce | 2015 | 118

En quel animal voudriez-vous être transformé si vous ne trouviez pas de partenaire après 45 jours ? Voici une question qui est posée à tous les célibataires contraints de trouver l’âme-soeur. Dans cette vie parfaitement calculée, des camps s’opposent et la violence est belle est bien là. En tout cas c’est sûr, le titre original de ce film colle sans aucun doute à l’univers sans dessus-dessous qui nous est livré. J’ai eu du plaisir à regarder ce film, mais il y a quelques moments crus, où l’ironie s’immisce, qui m’ont laissée perplexe. A côté de l’humour des personnages aux aspects robotiques, on arrive à se poser des questions sur une société totalement contrôlée et où les sentiments sont réduits à une simple formalité.
Gagnante du Concours des critiques en herbe édition 2015: Noémi Brunschwiler

Gagnante du Concours des critiques en herbe édition 2015: Noémi Brunschwiler

Aurora | Rodrigo Sepúlveda
Chili | 2014 | 83′

Dans un univers morne et sombre, “Aurora” retrace le portrait d’une femme chilienne, Sofia, qui tombe par hasard sur un fait-divers d’un journal local annonçant la découverte d’un nouveau-né retrouvé mort dans une décharge publique. Elle reste terriblement émue et de cette nouvelle et, contre toute attente, va se passionner pour l’affaire et se battre envers et contre tout pour ce que ce nouveau-né puisse obtenir une sépulture digne. Elle devra surmonter l’incompréhension d’une opinion publique indifférente, ainsi que les travers et lenteurs des démarches administratives. Le nouveau-né, une petite fille, ne sera réclamé par personne et forcera Sofia à commettre un acte qui semble insensé: adopter le bébé décédé.
Toute l’intrigue est supplantée par un rude décor qui est en contraste avec l’engagement de Sofia: il y est présenté une petite ville oubliée de tous, triste, monotone et polluée. Les couleurs restent ternes et grises, comme la vie des gens qui peuplent ces lieux; indifférents, sans idéaux ni espoirs. Leur horizon s’arrête aux paquebots géants qui hantent la mer au loin, et aux usines fumantes qui hérissent les collines alentour. Néanmoins, ce cadre pour le moins sombre amène à d’époustouflantes scènes en plans larges, notamment avec la mer, lieu omniprésent où Sofia vient se ressourcer et se désespérer, ou avec les industries en arrière-plan. La musique est quasi-absente, seuls les crachats des fabriques et les cris des mouettes se font entendre ; un sentiment de vide s’en détache. De même, les dialogues sont peu nombreux, les gens contiennent leur parole. Les émotions sont pudiquement montrées, et rares sont les secrets des uns et des autres dévoilés car les confidences ne sont pas chose ordinaire là-bas.
L’intrigue développe bien le chemin difficile par lequel a dû passer Sofia, et instaure doucement au spectateur réticent la foi de l’honnêteté de Sofia. Car certes, au début, son attachement extrême pour le nouveau-né qui lui est inconnu semble presque malsain et suscite des interrogations éthiques, mais celles-ci sont vite balayées par la preuve du démènement et du courage incroyable de cette femme dans sa quête justifiée pour restaurer la dignité d’un enfant et lui rendre une identité. De même, le fait qu’elle n’adopte jamais un ton de reproche contre la mère biologique relève d’une capacité de compassion hors du commun. Mais elle n’est pas seule ; son mari, par sa simplicité et son dévouement infaillible, reste le principal soutien de Sofia et constitue un pilier touchant du film. Au final, on se surprend à être très concerné et ému par le combat de Sofia ; on s’insurge avec elle et on ressent au plus profond ses désillusions, ses petites victoires et ses grandes espérances.
L’enterrement, qui signe la fin du film et auquel une foule assiste, c’est la touche d’espoir finale dans ce monde obscur et blafard, et un témoignage d’humanité remarquable. Les derniers mots finalement nous rappellent que le scénario est basé sur une histoire réelle, et que la véritable “Sofia” a continué son chemin et adopté plusieurs bébés à ce jour, poursuivant son engagement de rendre un semblant de dignité à ces nouveaux-nés abandonnés qui donnent désormais un sens à sa vie.

On en reste impressionné

24 janvier 2015 | Critiques d’Alice Dugerdil

24 janvier 2015 | Critiques d’Alice Dugerdil

Los años de Fierro | Santiago Esteinou
Mexique | 2014 | 105′
Depuis plus de trente ans, César vit sous l’emprise de la sentence de la peine capitale. Entre témoignages de proches, de policiers, du détenu lui-même, ainsi que de reconstitutions photographiques, le documentaire de Santiago Esteinou relate la vie gâchée d’un homme soumis aux législations d’une justice douteuse.
Un taxi-driver est tué d’une balle à la frontière du Mexique et des Etats-Unis. Ces derniers se chargeront de l’affaire. Le compagnon de César l’accuse et César avoue son crime. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Des années plus tard cependant, la réouverture du dossier apporte de nouveaux éléments. César est-il coupable ? A-t-il avoué son crime sous pression ? La cour de justice ne veut rien entendre. Le dossier est clos et de plus, il y a prescription. Ils inventent même une nouvelle loi pour être débarrassés de leurs gêneurs, qui se permettent d’ouvrir un dossier clos à la va-vite plus de trente ans auparavant.
Très touchant, le documentaire de Santiago Esteinou alterne les points de vues, ce qui permet une vue d’ensemble plutôt objective. De par l’oeil du frère de César, Sergio, qui n’attend que de retrouver son frère, de par le policier convaincu de la culpabilité du détenu et encore de par les avocats qui ont pris l’affaire en charge.
Alice Dugerdil
Collège Claparède
The Tribe | Myroslav Slaboshpytskiy
Ukraine | 2014 | 130′
The Tribe, « la tribu » ou les prémisses d’une mafia dans une école spécialisée pour sourds-muets en Ukraine. Pour un premier film, l’ukrainien Myroslav Slaboshpytskiy commence fort. Le pari est ambitieux : 2h10 de projection en langue des signes, sans sous-titres. Pas besoin de paroles cependant pour être absorbé par l’univers froid du réalisateur et l’absence de son devient bien vite un détail.
Une vue d’ensemble de chaque scène donnée par une caméra statique, c’est ce qui ressort principalement de ce long-métrage. Une mise en scène envisagée dans ses moindres détails et surtout le jeu impressionnant des jeunes acteurs. Lorsqu’un jeune sourd-muet débarque dans l’institut, c’est par la force et la violence qu’il tentera de s’intégrer. Une violence transposée dans un langage gestuel brutal, qui s’inscrit dans l’environnement hostile dans lequel évoluent les protagonistes.
Entre prostitution, passion et cruauté, The Tribe relate la misère d’une jeunesse abîmée. Violent et puissant, à voir absolument.
Alice Dugerdil
Collège Claparède
Socialphobia | Hong Seok-jae
Corée du Sud | 2014 | 100′
Socialphobia, ou comment commettre un crime derrière son ordinateur. En Corée du Sud, les réseaux sociaux se liguent contre une jeune fille aux tweets impitoyables et un groupe d’amis décide d’aller la confronter. Arrivés sur les lieux, scène de crime : au bout d’un câble d’ordinateur -décelez l’ironie-  pend la jeune fille. Suicide, meurtre ? Dans une course pour défier leur culpabilité, les amis se mettent à la recherche du meurtrier.
Hong Seok-jae retranscrit dans une fiction virtuelle la rapidité du flux d’information dans la société actuelle de par un rythme effréné, en nous imposant une succession rapide des scènes. A l’allure de documentaire, la fiction du réalisateur coréen fait l’écho glaçant d’une génération 2.0.
Alice Dugerdil
Collège Claparède
23 janvier 2015 | Critiques de Namya Bourban

23 janvier 2015 | Critiques de Namya Bourban

The Tribe | Myroslav Slaboshpytskiy
Ukraine | 2014| 130′
Malgré l’absence totale de sous-titres et l’utilisation permanente de la langue des signes, le spectateur est très rapidement emporté dans l’univers proposé par Myroslav Slaboshpytski.
Un univers dirigé par un groupe d’élèves d’un internat pour sourds-muets. Ces étudiants semblent demeurer seuls face à leur destin. Ils évoluent dans une ambiance froide sans soutien particulier de la part des adultes. Très vite, on s’aperçoit que l’on a affaire a une réelle mafia où règnent Prostitution, Vol et Violence gratuite. Une violence qui, pour ma part, ne devrait pas prendre une place aussi importante.
Cependant, l’auteur nous offre une expérience unique, nous permettant de se placer dans la peau d’un sourd-muet. On se rend plus facilement compte des enjeux que ce handicap implique. Il est vrai que quelques éléments de l’intrigue nous échappent, mais l’on arrive facilement à cerner le principal. Difficile de rester totalement insensible face à ce projet innovateur !
Namya Bourban,
Collège Emilie-Gourd