


BM 18 – DRAGONFLY EYES par Louise Cardinaux
Dragonfly Eyes:
jusqu’où sera-t-on capables d’aller?

BM 18 – DRAGONFLY EYES par Loris Thomas
Réalisé par le réalisateur chinois Xu Bing, Dragonfly Eyes se place rapidement comme un film intéressant, original et ambitieux.Un homme aime une femme plus que tout, et ne peut imaginer une vie sans elle. Le film déroule l’évolution de leur relation et l’entrecoupe de séquences impressionnantes d’événements qui illustrent superbement les émotions des personnages tel que des désastres représentant leurs tourments. Il a pour particularité d’avoir été monté uniquement à partir d’extraits de caméras de surveillance accessibles en ligne depuis 2015, ce qui nous donne une désagréable impression de voyeur et de violation de vie privée, effet accentué par une histoire et un montage impressionnants et efficaces qui renforce cet univers malsain. Le travail de sonorisation est particulièrement remarquable et en phase avec les images. Le choix des enregistrements laisse même place à une certaine recherche esthétique avec de superbes plans, tel celui d’une araignée devant un paysage ensoleillé.
Dans son ensemble, Dragonfly Eyes est un film qui interpelle, qui choque et qui questionne, sur la surveillance et l’impact de la connectivité, mais est aussi un film empli d’humanité, de comique et de sentiments. Au final, sa prise de risques paye: il sort du lot par ses images uniques.

BM 18 – DRAGONFLY EYES par Robin Phildius
Dragonfly Eyes – L’habit ferait-il le
moine ?
Le premier long-métrage de Xu Bing commence fort. Monté entièrement à partir d’enregistrements de caméras de vidéosurveillance en libre accès, il nous plonge dans l’aventure d’une jeune nonne bouddhiste qui revient à une vie citadine. Seule parmi des millions d’autres citadins chinois, elle commence par travailler dans une usine laitière, où elle fait la rencontre d’un jeune homme. Ce jeune ingénieur en quête d’identité fera tout (et surtout n’importe quoi) pour gagner son amour et enfin se trouver.
Dragonfly Eyes, (« Les yeux de la libellule » pour les anglophobes) interroge le rôle social des apparences et des caméras de surveillance qui nous filment 300 fois par jour, dans des lieux parfois vraiment absurdes et à la limite du raisonnable. Tout au long du film, la bande sonore exemplaire et les voix off définissent le rôle et la signification des séquences (rappelons-le, les images vidéos ont étés piochées sur le web, aucune séquence n’a été filmée ou mise en scène). Le film nous emporte dans un
monde où les apparences sont des reines tyranniques, celui du monde de l’illusion.
Bien qu’il semble traîner un peu dans la première moitié du film, Dragonfly Eyes nous renvoie avec brio à nos propres
démons ; aux doux noms d’ennui, violence, indifférence, popularité et égoïsme. Une expérience claustrophobique, qui nous ramène brutalement à la réalité des apparences. Dans un siècle numérique, accro aux images, ou les apparences semblent pouvoir tout nous révéler. Tout semble si facile derrière un écran de contrôle. L’habit ferait il le moine ?