Critique d’Oscar Staehelin

Autant touchant qu‘informatif, Le Spectre de Boko Haram nous emmène à Kolofata, un village à l’extrême-nord du Cameroun, à la frontière du Nigeria. Cyrielle Raingou montre avec une grande authenticité le quotidien des enfants de ce village, mélangé entre rires et coups de feu, espoirs et traumatismes. En effet, le village est hautement surveillé par l’armée, sous la menace du groupe terroriste Boko Haram, qui a été la source de multiples attentats à travers le Nigeria et le Cameroun. À travers ce film-documentaire contemplatif, nous sommes immiscés dans ce village, mais surtout dans des moments intimes tels que des discussions entre Ibrahim et Mohammed, deux jeunes frères réfugiés dans ce village dont les parents sont portés disparus. Nous rencontrons aussi Falta, une jeune fille qui demande à sa mère comment son père est décédé, lors d’une attaque de Boko Haram. Témoins également des cours enseignés à l’école, nous comprenons petit à petit comment les enfants sont marqués par ce conflit. L’exemple qui m’a le plus marqué est la séquence où le professeur demande aux élèves de sculpter des objets du quotidien, et où l’on voit les enfants sculpter chars, fusils et avions de chasse.
Ce film est un vrai bijou, montrant résilience et résistance à travers la perspective de ces enfants remplis de vie qui nous font rire et pleurer au cours du même dialogue. Catégorisé par le programme du Black Movie comme un „Hors-Champ menaçant“, Le Spectre de Boko Haram traite d’un sujet lourd et douloureux, sans pour autant montrer l‘aspect violent et physique de ce conflit. Se focalisant sur l’aspect mental et les conséquences sur les enfants habitant ce village, Cyrielle Raingou parvient à créer un film rempli d’émotions, mais surtout d’espoir.