Critique de Nina Zibung à propos du film Lesson Learned, de Bálint Szimler

Dans son nouveau long-métrage, Bálint Szimler nous fait suivre l’histoire de Juci, une jeune enseignante, et de Palkó, un élève discret, débarquant tous deux dans cet établissement scolaire hongrois aux méthodes à la vieille école et au fonctionnement toxique. Entre des professeurs fermés d’esprit semblant avoir oublié qu’ils ont eux-mêmes été des enfants et de parents sans la moindre capacité de se remettre en question, le chemin est dur pour ces deux nouveaux arrivants.

Si le thème du système éducatif en crise abordé par le film est pertinent et mérite une visibilité, le rythme lent et les longues séquences de dialogues redondants et d’événements répétitifs, ne lui permettent pas d’être exploité pleinement. Malgré cela, le cinéaste hongrois construit un réalisme presque troublant, qui crée un véritable sentiment d’immersion et de répulsion face aux situations que le film raconte. Ces dernières laissent un drôle d’arrière-goût amer et familier. La durée et la routine des scènes s’installent, réveillant en nous un souvenir d’enfance peu agréable, de longues journées d’école, de professeurs peu considérant, de moments de lassitudes que l’on préférerait oublier.

En dépit de l’époustouflant jeu d’acteur des jeunes enfants emplis de spontanéité et de celui de Juci qui nous touche par des regards muets qui veulent crier à l’injustice, certaines longueurs auraient pu être épargnées. Nous peinons parfois à savoir où le film va nous mener : dénoncer, certes, mais encore. Il manquait un fil conducteur auquel notre attention aurait pu s’agripper durant les deux heures du long-métrage.

A travers la critique du milieu scolaire, Bálint Szimler pointe du doigt un système formant de mauvais adultes apathiques, qui à leur tour éduqueront sans réelle considération, et des enfants destinés à ressembler à leurs parents, incapables de penser à autre chose qu’à leurs propres intérêts. Une scène que je trouve très représentative du film est justement celle de l’interminable réunion parents-profs, où la pauvre jeune remplaçante peine à s’imposer aux parents mécontentes qui grognent bruyamment.

La fin nous laisse pour le moins sur notre faim : après deux longues heures qui présentent un problème bien pris dans l’engrenage du temps, la situation n’a guère vraiment évolué. L’arbre auquel Palkó a grimpé dans la scène finale du film – symbole d’espoir et cri de rage d’un enfant qui ne parle plus depuis quelques jours – est coupé à la tronçonneuse. On s’est finalement débarrassé de la mauvaise herbe qui dérangeait. Le problème est rafistolé, tout comme la fenêtre de l’établissement qui ne parvient pas à être réparée.