Critique d’Oscar Staehelin

Rosine Mbakam nous offre un vrai symbole de résistance et de persévérance à travers Mambar Pierrette.

Pierrette est couturière et doit s’occuper seule de ses deux enfants et de sa mère handicapée. Attestant d’une résilience impressionnante, elle traverse une multitude d’épreuves. Elle se réveille en trouvant sa maison ainsi que son atelier inondés, le lendemain d’une agression lors de laquelle elle s’est fait voler toutes ses économies. Pourtant, Pierrette continue d’avancer, nous montrant vulnérabilité et force simultanément. Dès la première scène où nous la voyons aider sa mère ou encore à travers les nombreuses discussions avec ses clientes, Pierrette est présentée comme un pilier au sein de sa communauté. Même au plus bas, elle parvient à délivrer des discours poignants, notamment pendant une séquence où elle réconforte une de ses clientes, lui conseillant de ne pas dépendre des hommes mais d’être forte et entreprenante. Les paroles de Pierrette sont à la fois touchantes et puissantes. Nous comprenons qu’elle ne se conforme pas à l’image que la société camerounaise lui impose en tant que femme.

Avec en toile de fond la situation politique et sociale du Cameroun, Mambar Pierrette se situe entre le documentaire et la fiction. Rosine Mbakama choisi Pierrette Aboheu, sa cousine, qui est réellement couturière, pour le rôle de Mambar Pierrette. Tous les acteurs sont des amis ou des membres de la famille de la réalisatrice. Le résultat est un magnifique film, où nous jonglons entre sororité, résilience et vitalité. J’ai trouvé ce film impactant et tendre, illustrant un réalisme social et une incroyable résistance face à des épreuves qui pourraient sembler insurmontables au spectateur, le tout mélangé avec des séquences remplies de joie et de rire dans les moments anodins du quotidien de Pierrette.