Critique par Keïra Delachenal

Raydio, est le premier long métrage de Kaidi Zhan, cinéaste Taïwanais. Il prend place sur fond de pandémie du Covid 19, le masque est donc omniprésent jusqu’à la fin du récit. Dans ce film, on suit le personnage de Dio, un jeune homme travaillant dans un cinéma peu fréquenté. Son père, Ray, travaille le soir comme veilleur de nuit dans un centre commercial. La communication est presque inexistante entre le père et le fils qui se voient très peu. L’absence de dialogues en dit d’ailleurs long sur leur relation. Dio et son père sont pudiques lorsqu’il s’agit de leurs émotions. Les rires et les pleurs sont absents de ce film.

Le fils vit une histoire d’amour ratée qui frôle l’obsession mais celle-ci est largement secondaire dans le film. Son quotidien se résume à ses déplacements entre le travail et sa maison et à quelques discussions avec ses amis. La présence du fils devient presque un prétexte pour raconter la  » chute  » du père. La solitude de Ray, accentuée par la pandémie, est poussée à l’extrême lorsqu’on le voit parler avec des mannequins en plastique lors de ses veilles. Celle-ci est aussi exprimé à travers les quelques rencontres entre Ray et son ex-femme qui s’en va pour Shenzen. Addict, endetté jusqu’au cou, il bascule doucement dans la criminalité et la violence après un règlement de compte. Ray est dans une telle détresse qu’il agit de manière démesurée en achetant une voiture ou en voulant à nouveau emprunter de l’argent malgré ses dettes.

La relation à l’argent est donc une des thématiques centrales de ce film à la fois par l’importance donnée au travail, les trafics des amis de Dio, les vols d’objets ou d’argent et évidemment les dettes du père. C’est à travers une belle esthétique, des dialogues courts et épurés, des scènes qui parlent d’elles-mêmes et une musique soutenant l’atmosphère générale que Kaidi Zhan nous raconte cette histoire.