Critique de Nina Zibung à propos du film The Missing, de Carl Joseph E. Papa

The Missing est un long-métrage d’animation du réalisateur philippin Carl Joseph E. Papa. L’animation est principalement réalisée en rotoscopie : une technique qui consiste à prendre des images d’acteurs et à dessiner les contours des figures image par image.

Le film aborde des thèmes d’agressions sexuelles intra-familiales. Peut-être que les images animées et les nombreuses métaphores (souvenirs d’un enfant troublé et effrayé) aident-elles à traiter de tels sujets. En effet, rien n’est vraiment dit ou montré explicitement, mais tout est compris.

Eric, le protagoniste, n’a pas de bouche. Au départ on ne sait pas vraiment pourquoi, puis au fur et à mesure que le film avance, cela devient très clair. Il travaille comme dessinateur dans un studio d’animation, et entretient une proche relation avec sa mère, avec laquelle il communique en écrivant ses paroles sur une petite ardoise blanche. Il commence par ailleurs à se lier avec Carlo, un de ses collègues. Mais un jour, sa mère lui demande de rendre une visite à son oncle, duquel elle n’a plus de nouvelles depuis quelques jours. Eric et Carlo se rendent chez lui et le retrouvent mort.

De là tout semble alors dégénérer pour Eric. Cette révélation réveille chez lui des souvenirs d’enfance, des traumatismes qu’il avait enfouis au plus profond de sa tête. Eric commence alors à vivre dans une réalité de rechange pour faire face à l’atroce vérité : attaques d’extraterrestres qui l’enlèvent pour l’emporter loin de la terre, rêves déjà survenus quelques années auparavant. Les flashbacks de l’enfance d’Eric, sous formes de dessins enfantins et épurés, font écho à lui, petit et innocent.

Le réalisme des regards et des mouvements (dû au fait que de réelles personnes aient joué) alimente le baume d’émotions qui vous prend au cœur. En opposition, le manque de réalisme de l’animation des flashbacks, renforce l’idée qu’ils sont narrés selon sa perception d’un enfant qui peine à saisir l’énormité de ce qu’il vit.

Lors de la scène finale, il creuse la terre frénétiquement, à la recherche de la tombe de son oncle, pour finir par l’ouvrir : là gît sa bouche, son pouvoir de parole confisqué. Enfin il peut récupérer ce qui lui appartient en droit. Il s’assied alors entre sa mère et Carlo et déclare : “J’ai quelque chose à vous dire…”.