Critique de Nina Zibung à propos du film The Tenants, de Yoon Eun-kyoung

Dans son nouveau thriller sorti en 2023, Yoon Eun-kyoung mélange la comédie noire, le film d’horreur et la science-fiction. Le malaise vous prend dès les premières minutes du film, lorsque défilent les images puissantes en noir et blanc, de face-à-face du protagoniste au visage fermé et au manque de répartie.
Shin-dong, jeune adulte coréen, peine à joindre les deux bouts et se retrouve sans autre solution que de sous-louer son petit appartement -dis-je, sa salle de bain- à un couple lugubre et glauque. Dix heures sonnent : plan détail sur le veston de Monsieur, sur sa bouche qui rit, glaçant nos os. Madame hoche de la tête et sourit sans rien dire, telle une poupée, un petit enfant.
Les locataires de la salle de bain, comme des automates, déambulent dans l’appartement sombre, s’enferment dans leur pièce, sortent lorsque la nuit tombe. Shin-dong ne dit rien. Il subit, avec une sorte d’impuissance qui nous donne envie de nous lever de notre siège, les agissements perturbants et inquiétants de ses locataires. Il sombre peu à peu dans un cycle infernal ; alternant les longues nuits à se tuer au travail et celles dans son lit, délirant (ou peut-être pas) sur des bruits étranges et des évènements alarmants.
Les plans, en plongée et contre-plongée et les dialogues tirant vers l’absurde, montrent un jeu de pouvoir tangible et une tension palpable. Ils démontrent l’infériorité du protagoniste face à ces deux cafards qui infectent sa vie.
Le rythme se presse et l’horreur grandit ; entre rêves et une terrible réalité, ombres et éblouissements, nous ne savons plus où donner de la tête. Dans ce Séoul dystopique, Shing-dong étouffe de plus en plus, devient prisonnier de sa propre imagination, cauchemar surréaliste. Ce récit angoissant d’aliénation et de pressions sociales vous donnera sans aucun doute des frissons dans le dos !