Critique de Margot Chatelan à propos du film My Stolen Planet, de Farahnaz Sharifi.

My Stolen Planet, sorti en 2024, est un documentaire historique et autobiographique réalisé par Farahnaz Sharifi. Le métrage de 1 heure et 26 minutes retrace l’histoire de la réalisatrice, née en 1979 en Iran, après la révolution islamique.
Sharifi collecte et compile des bobines de films familiaux abandonnés pour créer un recueil de souvenirs d’un Iran en voie de disparition. À travers ses images d’archives et de celles de la réalisatrice, le film aborde l’oppression exercée par l’État iranien et la révolte qui en découle. Par le biais de témoignages anonymes et non anonymes, de scènes de violence policière dans les rues, de photos, de vidéos familiales et d’instants festifs, le film témoigne le cauchemar que les citoyen·ne·s iranien·ne·s éprouvaient.
Le son ambiant d’une vieille caméra du siècle dernier, la voix off et la musique utilisées dans le film permettent au spectateur de se plonger totalement dans les images. La voix profonde de Mme Sharifi résonne dans le silence, faisant vibrer chaque parcelle du corps et rendant le film encore plus émouvant. Le son de la pellicule qui défile ne permet pas d’oublier l’intention première de la réalisatrice : montrer la vie quotidienne des habitants de l’Iran à travers des vidéos et des clichés pris par les Iraniens eux-mêmes ! Le tout est ponctué par une musique émouvante et nostalgique, avec des chansons qui font danser ses personnages et qui transportent le spectateur en Iran. La recette parfaite pour mettre la larme à l’œil !
Le montage oppose la violence de la répression dans les rues d’Iran au calme et à la joie de danser dans l’intimité des appartements. Toutefois, des vidéos prises dans la rue où vit la réalisatrice, sous un temps toujours pluvieux, viennent adoucir quelque peu la rudesse des transitions et donnent au spectateur l’occasion de reprendre son souffle.
My Stolen Planet exprime le refus de la réalisatrice, ainsi que de milliers d’autres femmes d’Iran, de se plier aux mesures répressives du gouvernement, mais aussi la recherche d’une échappatoire dans un pays où la violence et la censure règnent. Des témoignages doux et poétiques qui racontent une histoire déchirante et pourtant une terrible réalité.